jeudi 4 septembre 2025

Au fond des années passées

Jens Christian Grøndahl
Gallimard, 2025



Traduit du danois par Alain Gnaedig



Rien de tel que les lectures en immersion. Un séjour à Copenhague me semblait offrir le cadre idéal pour lire le nouveau roman de Grøndahl, un auteur que j’ai découvert il y a quelques semaines à peine (justement dans la perspective de). Difficile de se faire une idée de l’ensemble de son oeuvre à travers deux livres seulement, mais de l’un à l’autre se dégagent toutefois des caractéristiques communes : un très petit nombre de personnages, une nette tendance à l’introspection, un questionnement sur ce qui fonde un couple - voire une famille.


Ici, le narrateur retrouve par hasard son amour de jeunesse alors qu’à la soixantaine passée, divorcé, il est atteint d’une maladie dégénérative. Les souvenirs remontent à sa mémoire et il interroge alors le jeune homme qu’il a été. Sa vie aurait-elle pu emprunter une autre voie ? Qu’aurait-elle été s’il l’avait passée aux côtés d’Anna ? Il ne cède rependant pas aux regrets qui n’ont nulle pertinence. Et puis Anna vient elle-même de se séparer de son mari, un célèbre journaliste qu’une femme accuse de l’avoir violée plusieurs années auparavant. Ils vont ainsi nouer une nouvelle complicité, apaisée, faite d’écoute et d’attention mutuelles.


L’argument du roman semble ténu et tient en effet en peu de mots. Il faut y entrer pour saisir ce qui en fait l’intérêt : les questionnements du protagoniste, son rapport au temps qui passe et aux évolutions sociétales. Comment appréhender le changement ? Comment faire avec ? Qu’il s’agisse de la notion de consentement dans le cas du mari d’Anna ou de la manière d’envisager la notion de genre dans le cas de la fille du narrateur, Grøndahl aborde avec intelligence les questions qui se posent à chacun d’entre nous à mesure que nous vieillissons. La nostalgie a-t-elle une place ? Doit-on accepter le changement ? Y a-t-il un espace pour le dialogue intergénérationnel permettant aux uns et aux autres de se comprendre ? Et de s’accepter ?


Comme dans le précédent roman que j’ai lu de lui, Grøndahl fait preuve de nuance et de finesse pour tenter d’appréhender la vie comme elle va. Nulle formule sentencieuse, nul bruit, nulle ostentation dans son texte. Ce qui lui permet d’infuser durablement dans l’esprit du lecteur.…


lundi 1 septembre 2025

Les jardins perdus

Rouda
Liana Levi, 2025


Dans une cité de la banlieue parisienne, Zac, 23 ans, est à la recherche de son frère Martin. De deux ans son cadet, celui-ci a disparu depuis plusieurs jours, ce qui ne lui ressemble pas. Certes, les liens familiaux se sont distendus. Leur père, une fois sorti de l’usine Findus où il travaille, ne pense qu’à ses séances de sport ; leur mère déprime depuis qu’elle végète dans des emplois qu’elle n’a pas choisis et Martin ne fait pas grand chose de sa vie depuis qu’il a miraculeusement décroché son bac l’année du Covid. Seul Zac semble tirer son épingle du jeu en poursuivant des études de socio à la fac. Tout ce petit monde ne fait guère plus que se croiser silencieusement autour de la table du petit déjeuner.


Martin serait-il amoureux ? D’après les rumeurs, une certaine Iphigénie lui aurait fait tourner la tête. Mais lorsque Alex, son meilleur copain, révèle à Zac qu’il aurait viré facho et rejoint les rangs d’un groupuscule militant, ce dernier ne parvient pas à le croire. Pour en avoir le coeur net et s’efforcer de retrouver la trace de son frère, il emprunte une fausse identité et se fait embaucher dans l’entreprise où Martin avait trouvé un petit boulot.


Dans la première partie du roman, Rouda nous invite à partager le quotidien d’une famille de la cité, entre amitiés partagées, absence de perspectives, système D et racisme ordinaire. Mais c’est dans sa seconde partie que le récit prend vraiment son essor, lorsque l’auteur nous entraîne dans les méandres nauséabonds de la fachosphère. Celle qui prend bien soin de rester sous les radars, d’évoluer en toute discrétion et qui méprise l’extrême droite institutionnalisée dont les ambitions sont bien trop limitées à ses yeux.


Rouda met en lumière ces groupuscules pour lesquels le spectre du grand remplacement justifie tous les moyens afin d’accélérer la guerre qui existe selon eux à l’état latent dans notre société. Ils ne veulent rien de moins que mettre le feu aux poudres pour prendre l’avantage et remporter la victoire identitaire.


L’auteur relate la manière dont ils recrutent, dans le plus grand secret. La première approche est feutrée, mais une fois la cible appâtée, celle-ci devra devra faire preuve, pour être définitivement adoubée, d’un virilisme exacerbé et ne pas avoir peur de prendre part à des combats à mains nues où tous les coups sont permis. Les portes de véritables camps d’entraînement paramilitaire leur seront alors ouvertes pour les préparer à prendre part à des actions musclées visant à imposer une l'hégémonie blanche qu'ils appellent de leurs voeux.


Intéressant et bien mené - en dépit peut-être de quelques longueurs dans sa mise en place, largement compensées par l’efficacité narrative de la seconde - ce récit a le grand mérite de lever le voile sur des pratiques qui, comme on l’a vu, sont menées dans le secret. Tout ce qui contribuera à les faire largement connaître est à saluer.

jeudi 28 août 2025

Décrochages

Julien Fyot
Viviane Hamy, 2025


Les vacances de la Toussaint viennent de se terminer. En ce matin de rentrée, enfants et enseignants reprennent le chemin de l’école, avec plus ou moins d’entrain. Mais devant les portes de l’établissement se tient un attroupement inhabituel. La rumeur se répand comme une traînée de poudre, semant l’effroi. Le cadavre d’un élève gît au beau milieu de la cour de récréation. Qu’a-t-il bien pu se passer pour qu’un tel drame survienne ? L’incompréhension monte encore d’un cran lorsque l’identité de l’enfant est révélée : il s’agit du fils de l’une des maîtresses, connu pour son extrême gentillesse. Il était d’ailleurs le seul enfant à avoir tissé des liens amicaux avec un élève difficile récemment arrivé dans l’établissement. Les regards se tournent rapidement vers lui tandis que la police ouvre l’enquête.


Alternant la narration entre les semaines qui précédèrent le drame et celles qui lui succèdent avec l’avancée des recherches, l’auteur se concentre sur la relation qui s’établit entre Brayan, l’élève en grande difficulté nouvellement arrivé en CM2, et son maître. Ainsi à travers cette intrique est-ce le quotidien d’un enseignant et la vie d’une école qui nous sont relatés. 


On ne connait que trop le manque de moyens, l’épuisement des profs, les défaillances d’une hiérarchie soucieuse de « ne pas faire de vagues » et l’abandon auquel l’institution est livrée… Les fondations de l’édifice sont de plus en plus fragiles, et lorsque les enseignants font face à des difficultés dans leur propre vie personnelle, l’équilibre désormais trop précaire menace de s’effondrer…  


Julien Fyot aborde ce sujet sous un angle original : le récit commence comme un roman classique, puis une veine sociale se dégage avant qu’un virage résolument policier ne soit pris. Bien qu’inattendu, ce roman est plutôt convaincant : je l’ai dévoré d’une traite ! Et puis l'école, on n'en parlera jamais assez. 


lundi 25 août 2025

Nerona

Hélène Frappat
Actes Sud, 2025


Quelque part en Erope, Nerona a été élue sur la foi d’un positionnement ultra populiste. Depuis qu’elle est au pouvoir, elle multiplie les décrets-lois inspirés par son Programme de Transition Princière, dont l’une des premières mesures aura sans doute été de s’autoproclamer Prince. C’est elle qui prend la parole dès les premières lignes du roman, et elle la conserve presque exclusivement jusqu’à la fin. Elle occupe tout l’espace et ne s’embarrasse pas de finesse pour faire des déclarations fracassantes dans lesquelles l’opposition est tournée en dérision, où revendiquer et exercer sa liberté signifierait s’affranchir de prétendus carcans idéologiques et de la fameuse « pensée unique », où parquer les migrants serait présenté comme une manière de les mettre à l’abri des trafics humains, où le réchauffement climatique serait une élucubration émanant de scientifiques idéologues. 


Tout ça vous rappelle quelque chose ? Face à la déferlante autoritariste que l’on voit s’abattre avec effarement sur le monde, en particulier depuis la réélection de Trump, on se sent complètement désorienté, voire démuni. Alors on cherche. A comprendre, d’abord, à essayer de trouver du sens à ce qui en paraît totalement dénué.


Les historiens se retournent sur le passé pour mettre au jour les mécanismes d’hier afin d’observer si ce qui se joue aujourd’hui est de même nature ; les journalistes - certains journalistes - mènent des enquêtes, interrogent les faits et les discours pour nous alerter ; les écrivains se placent sur le terrain de la fiction pour imaginer ce qui pourrait advenir demain. C’est certainement ce à quoi s’est employée Hélène Frappat avec ce bref roman dystopique.


L’analogie avec le président des Etats-unis ne cherche pas à se cacher : l’un des proches de Nerona se dénomme Egon Must. Et c’est peut-être là que le bât blesse. Aussi ahurissantes soient les paroles et les prises de décisions de cette dirigeante autocrate, elles ne sont guère plus qu'un écho à tout ce que l’on observe avec sidération depuis plusieurs mois. L’effet dystopique s’en trouve émoussé et on a l’impression de retrouver dans ces pages ce que l’on découvre quotidiennement dans les médias. C'est hélas à déplorer, mais la réalité fait parfois une sérieuse concurrence à la fiction...


jeudi 21 août 2025

La collision

Paul Gasnier

Gallimard, 2025


Ce livre, j’aurais parfaitement pu passer à côté. Parce que la première pensée qui m'a traversé l'esprit en le voyant parmi les innombrables titres de la rentrée, c’est « tiens, encore un qui profite de sa notoriété pour se faire publier ». Mais comme je l’aime bien, ce jeune journaliste, je suis quand même allée y voir d’un peu plus près. 

Première surprise, il ne s’agissait pas d’un roman. Gasnier nous proposait un récit qui ne semblait pas si éloigné de son métier, dans la mesure où à partir de quelque chose qui pourrait s’apparenter à un fait divers - un accident de la circulation -, il se proposait d’interroger les conditions de sa survenue. Et puis cet événement ne lui était pas étranger, puisque la victime en avait été sa mère. Gasnier promettait, dix ans après les faits, de poser sur l’épisode le plus dramatique de son existence un regard qu’il voulait débarrassé de sa douloureuse dimension intime pour l’analyser avec l’exigence propre à son métier. Un exercice courageux qui pouvait sembler à première vue hors de portée...


En 2012, en plein coeur de Lyon, sa mère, qui roulait à vélo, était percutée par un jeune motard effectuant une roue arrière. Son état ne laissait pas place à l’espoir : elle décéderait après quelques jours de coma. L’enquête révèle rapidement que le jeune Saïd n’était pas le propriétaire de la grosse cylindrée qu’il chevauchait, qu’il n’avait pas le permis pour la conduire et qu’il était sous l’emprise du cannabis. De quoi nourrir chez les proches de la victime une colère et une rancoeur bien légitimes. Pour autant, Paul Gasnier refuse de céder à l’instinct du talion et s’efforce de tenir sa haine à distance.


Dix ans se sont écoulés. Dans le cadre de son activité professionnelle, il couvre les meetings politiques, en particulier ceux de l’extrême droite. Quelques mois avant les élections présidentielles, il assiste à une allocution de l’un de ces sinistres bateleurs. Alors que celui-ci évoque « la racaille » qui terrorise les honnêtes gens, la foule l’acclame. Ce déversement d’hostilité résonne en lui d’un douloureux écho. Il aurait toutes les raisons de reprendre cette haine à son compte : ce que cet homme dénonce - la violence engendrée par un délinquant récidiviste - il l’a vécu dans sa chair. Mais voir récupérés les drames tels que celui qui l’a touché pour en faire le lit de discours corrosifs et nauséabonds lui répugne. Sa décision est prise : il s’agirait désormais d’écrire son histoire pour dresser un tableau juste de ce qui avait pu conduire à cet instant funeste afin d’y déceler ce qu’il traduisait de l’état de notre pays.


Gasnier est retourné sur les lieux où se sont déroulés les faits, a rencontré des témoins, notamment l’avocat et la soeur de Saïd, il s’est efforcé de retracer l’histoire de l’adolescent que celui-ci avait été, de cerner son environnement. C’est un quartier qu’il a également ausculté, mettant en lumière son évolution urbaine, architecturale autant que sociale. Dans cette démarche, il ne s’agit nullement de justifier, mais de comprendre comment les différentes forces en présence se frottent, se télescopent, à la manière de plaques tectoniques dont on ne perçoit pas les mouvements mais qui finissent pourtant par provoquer des catastrophes.


Ce texte force le respect tant il est empreint d’intelligence et de dignité. L’objectif avoué de ce projet était pour son auteur de pouvoir vivre en paix. J’espère qu’il l’a atteint. Pour la lectrice que je suis, cette parole posée, ce refus de se laisser dominer par ses pulsions, ce choix de la lumière et de l’intelligence constituent une salutaire bouffée d’oxygène.  



mercredi 20 août 2025

La peau dure

Vanessa Schneider
Flammarion, 2025


Venue à l’écriture au début des années 2000, la journaliste Vanessa Schneider alterne romans, essais politiques et ouvrages à caractère biographique dans lesquels elle explore l’histoire de différents membres de sa famille. C’est dans cette dernière veine que s’inscrit le récit qu’elle publie en cette rentrée. Elle y fait le portrait de son père, Michel Schneider, psychanalyste, haut fonctionnaire et lui-même écrivain, disparu en 2022. 


En 2018, c’est le destin de sa cousine l’actrice Maria Schneider qu’elle avait retracé. Si ce texte, à la fois tendre et lucide, s’était révélé passionnant, c’est parce qu’au-delà de sa dimension intime il mettait en lumière les ambiguïtés - voire la duplicité - de toute une génération qui s’était imposée au lendemain de 68. C’est ce qui fait une fois encore la force de ce récit.


Avant sa mort qu’il sait imminente, Michel confie à sa fille une boîte pleine de documents personnels que celle-ci s’empresse d’enfouir sous son lit. Lorsqu’elle l’exhume, quelque temps plus tard, elle y trouve des cahiers, des bulletins scolaires, des documents administratifs qui lui permettront de remonter le cours du temps jusqu’aux failles originelles de l’enfance de son père.


Une enquête familiale de plus, me direz-vous ? Oui et non. Vanessa Schneider ne s’attarde pas sur le déroulé des événements qui ont marqué la vie de son père. C’est plutôt la nature de la relation qu’elle a elle-même entretenue avec lui qu’elle interroge. Une relation complexe, où l’amour, immense, le dispute à une incommensurable soif de reconnaissance. C’est à travers ses propres souvenirs personnels que Vanessa Schneider trouve peu à peu les clés d’un comportement empreint de paradoxes qui avait plus d’une fois suscité son incompréhension et sa colère. 


Michel Schneider, né à la fin de la Seconde Guerre mondiale, incarne l’archétype de cette génération d’hommes qui s’engagea dans les rangs de l’extrême-gauche, en l’occurrence maoïste, et qui s’empara ensuite sans états d’âme des postes de pouvoir et d’influence, notamment après l’accession de François Mitterrand à la présidence de la République. Si Michel pouvait s’enorgueillir de ne jamais être allé pantoufler dans le privé, sa fille était bien placée pour percevoir les dissonances qui l’habitaient cependant.


C’est ainsi toute une époque que Vanessa Schneider sonde et ressuscite à travers le portrait sensible mais sans concession de l’homme hors normes qu’était son père. Une approche fine, acérée, qui s’inscrit dans la continuité du travail qu’elle avait entrepris avec l’histoire de sa cousine Maria, qui nous aide à comprendre ce qui se joua dans les années 70 et 80 d’un point de vue sociétal. C’est aussi ce qui nous permet de mieux comprendre notre propre époque, qui en découle, et c'est ce qui rend à mes yeux la lecture de cette auteure si précieuse.




lundi 18 août 2025

L’adversaire

Emmanuel Carrère

POL, 2000



Qui est né au siècle passé se souvient certainement de l’histoire hallucinante de Jean-Claude Romand, cet homme qui avait fait croire à son entourage pendant près de deux décennies qu’il était un médecin à la carrière brillante, chercheur à l’OMS, mais qui passait en réalité ses journées à lire les journaux dans un café ou dans sa voiture. Au moment où la vérité allait éclater, il avait froidement assassiné parents, femme et enfants, avant de tenter de mettre fin à ses jours. Cette histoire incroyable avait frappé les esprits et défrayé la chronique. 


Comme chacun d’entre nous, Carrère avait découvert cette affaire dans les journaux. Mais contrairement à nous, elle est restée solidement arrimée à son esprit. Au point de vouloir écrire à son sujet. Toutefois, si l’on en croit l’auteur, la maturation de ce texte a été longue. Son écriture aura été précédée d’une première tentative soldée par un échec, ce pour des raisons liées au protagoniste, au procès et au secret de l’instruction. Mais surtout à la difficulté qu’a éprouvée Carrère à trouver sa place et à adopter le point de vue qui convenait. Aujourd’hui où il s’est affirmé comme un grand écrivain de non-fiction, où l’écriture du réel est devenue sa marque de fabrique, cet aveu confère à ce récit un caractère particulier, indiquant assez le tournant décisif qu’il allait marquer dans sa production littéraire.


Dans le prologue, Carrère précise ce qu’il était lui-même en train de faire lorsque, le samedi 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand tua méthodiquement sa femme, ses deux enfants, puis ses parents. Avec cette singulière entrée en matière, Carrère écartait d’emblée l’idée de présenter une enquête que n’allaient manquer de mener ni la justice ni les journalistes. C’était autre chose qui le taraudait au point de vouloir écrire un livre : percer le mystère de ce qui avait pu conduire un homme à mentir des années durant à ses proches, à s’inventer une vie complètement fictive, à construire son existence sur du sable avant d’assassiner sa famille au moment où la vérité allait s’imposer. C’est bel et bien la dimension existentielle de cette trajectoire qu’il voulait essayer de saisir, afin de comprendre ce qui se jouait dans la psyché de cet homme et, ce faisant, de comprendre pourquoi elle nous avait tous saisis d’effroi. Il s’agissait en somme d’appréhender à travers une expérience individuelle radicale une part de la condition humaine.


C’est précisément cette démarche que j’admire chez Carrère depuis ma lecture de Limonov qui est l’oeuvre par laquelle je l’ai découvert. Depuis, je lis chacun de ses livres et apprécie de revenir entre deux nouveautés à ses ouvrages antérieurs. Il y a quelques années, j’avais ainsi lu D’autres vies que la mienne, que j’avais beaucoup apprécié. Si j’ai trouvé L’adversaire intéressant, il reste pour moi un peu en-deçà de ceux qui suivirent. Sans doute parce que Carrère se tient encore à l’orée d’un nouveau continent littéraire où il ne tardera guère à exprimer sa singularité et un talent qui ne cesse de s'affirmer. Vous comprendrez donc que la sortie de Kolkhoze constitue à mes yeux l’événement de la rentrée littéraire. Je me réjouis d’en voir la date arriver à grands pas !